FEMIS

La Fémis, école supérieure des métiers de l'image et du son a invité Robert Cantarella du 16 avril au 11 mai 2012 pour travailler avec 5 élèves réalisateurs sur le jeu de l'acteur.

Le déroulé du travail pendant les quatre semaines à la FEMIS a été le suivant:

Lecture de scène du répertoire contemporain, avec une dramaturgie rapide, à la volée, pour identifier les correspondances entre le champ cinématographique et celui évoqué dans le texte lu. On lit Sarah Kane, Peter Handke, Jean-Luc Lagarce, Jon Fosse, Falk Richter, Harold Pinter, Philippe Minyana, puis d'autres au gré des idées d'association. Les élèves sont curieux des contextes historiques et des résolutions scéniques. Nous essayons de décrire les hypothèses de mise en scène. Comme à Berlin, dans le cursus de formation à la mise en scène, l'exercice de la mise en scène imaginaire ou bien mise en scène décrite comme étant un souvenir non vécu est propice à l'exploration des formes. Avec eux, les parallélismes avec l'histoire les formes en cinéma augmentent le spectre des comparaisons.

Ils rencontrent des acteurs. Chaque jours un ou deux acteurs passent une heure au minimum avec nous. Ils répondent aux questions et souvent font l'histoire de leur initiation. Je choisis des personnes qui ont des parcours singuliers: venant de conservatoires nationaux et régionaux, d'amateurs, de professionnels reconnus dans l'art du théâtre, et surtout ayant des âges très différents. La rencontre est sans idée de production ou de distribution à venir. Ils me font part du plaisir à cette gratuité. La majorité des échanges s'oriente rapidement sur les conditions de la production du sens et de l'émotion dans les deux pratiques.

Ils font une lecture en acte de deux scènes choisies pour chaque élève. Lecture en acte veut dire ici mise en application des idées de jeu, de direction d'acteurs. Ce travail se déroule entre nous, chacun faisant l'acteur pour les autres le temps de l'identification d'un vocabulaire, d'un geste, d'un mouvement qui pourra le guider dans la direction d'acteur à venir. Nous évoquons ainsi toutes les manières possibles de faire de la durée de la direction une matière plastique, donc jamais stabilisée.

Avec les acteurs qu'ils ont contacté pour les distribuer dans les scènes en question, nous faisons une version rapide d'une mise en scène sans autre moyen technique que les corps en présence.

Ils choisissent une scène à filmer.

Ils réalisent la scène en ayant transformé leur travail d'analyse en filmage. Les uns préfèrent une captation de leurs travaux de scène, et orientent leur film sur la méthode de travail pendant la prise de vue : plan séquence, cadrage sur une caractéristique par exemple. D'autres se déplacent et composent un film à partir du travail de plateau.

Après la projection de films nous refaisons le parcours des attentes et des résultats pour estimer ce que le terme de direction d'acteur veut dire. Autrement-dit nous cherchons la mesure des transformations voulues et obtenues ou non pour chaque projet.