Stéphane Bouquet


Monstres | 2016

Création le 8 juin 2016 au Festival Printemps des comédiens - Montpellier

Les 11, 15, 18, 22 et 25 juin 2016 au Hangar à Montpellier

Les 9, 12 et 16 novembre 2016 au Théâtre de la Commune à Aubervilliers

Hommage à Jacques Rivette

Texte Stéphane Bouquet
Mise en scène Robert Cantarella
Décor, vidéo et Lumière Patrick Laffont

Avec les comédiens de l’ENSAD de Montpellier

Monstres est une pièce à plusieurs. A onze acteurs et à diverses sources. Ca tombe bien puisque la question posée est de savoir comment vivre ensemble, quelles règles du jeu inventer, et d’ailleurs à quel jeu jouer exactement. A l’origine de ce projet, il y a les huit épisodes d’Out One, film-monstre de Jacques Rivette, où un groupe mystérieusement appelé les Treize invente un complot sans but, sans direction et sans consistance. Ils jouent à jouer de comploter plutôt. Ils ont y peut-être cru, ils n’y croient plus. Mais il faut bien continuer de vivre.

Ce film a servi de point de départ à l’écriture de Stéphane Bouquet qui de Out one a conservé moins la longueur épique que l’idée qu’un monde peut être le feuilleté de situations sans rapports, de personnages qui se croisent à peine, d’évènements qui prennent forme avant de se dissoudre. Les personnages de Monstres vivent ensemble sur scène, même si leurs scènes ne se croisent pas. La règle centrale est qu’il n’y a pas de règles. Le vol est promu comme la meilleure forme de propriété possible.

Le metteur en scène Robert Cantarella ne se gênera donc pas s’il veut voler à d’autres – Rivette lui-même, Corneille, Marivaux – pour entretisser toutes ses voix au texte et aux situations de Bouquet. Monstres prend acte que la vie n’est jamais à un seul. Elle est un produit collectif, un visage à plusieurs, joliment monstrueux, où l’essentiel est d’inventer des formes du vivre mieux et, bien sûr, collectivement.

Naissance d’un écrivain de théâtre à l’occasion d’une entrée en matière pour de jeunes acteurs. Le projet Monstre.

Lorsque je travaille avec des étudiants en théâtre à l’occasion de leur sortie d’étude et leur entrée dans la profession théâtrale, je balance entre le désir de choisir un classique, une œuvre de répertoire comme on dit, ou bien d’appréhender un travail scénique encore sans histoire, sans référence, sans possibilité de se retourner sur un passé d’interprétation. Entre le labeur de la lecture infinie des variations, et le bonheur éphémère de la création d’une forme de théâtre inédite.

En ne voulant pas vraiment choisir j’ai proposé de commencer par regarder un film. Partir du milieu avec Out One de Rivette. Le film est un feuilleton (un feuilleté aussi) de formes autour de la question du théâtre et des communautés cherchant à se reconstituer par différents moyens. Film culte d’une époque révolue pour des étudiants de 2016, mais qui marque précisément un temps de recherche joyeuse dans les agencements, les utopies tronquées et les influences extra-ordinaires. Rivette aimait le théâtre, il le dit, le filme, et nous avons pris le temps de considérer cet amour au point d’imaginer un écho à son travail sous la forme de notre Monstre à venir.

Nous avions notre socle de travail. Nous avons copié, recopié et dupliqué certaines scènes. Nous avons suivi les embranchement que Rivette lui même souhaitait que l’on prenne : Corneille et Marivaux. De dérives en embranchements, un sujet, un motif apparaissait de plus en plus clairement, le désir de communauté toujours à recommencer, à jamais instable.

Stéphane Bouquet assistait au décorticage, aux explorations. Le texte que Stéphane Bouquet a écrit est une condensation de son travail d’écrivain (poète et scénariste entre autre) au contact de nos essais. Nous allons chercher l’architecture de représentation, c’est-à-dire trouver les espaces, les relations, les façons de dire et de jouer qui ne préexistent jamais à un spectacle construit à partir d’un texte neuf.
Robert Cantarella