Georg Kaiser


Du Matin à Minuit | 2000

Mise en scène : Robert Cantarella
Traduction : René Radrizzani
Scénographie Philippe Quesne, assisté de Cyril Gomez-Mathieu
Dramaturgie : Maurice Taszman, Cornelia Sturm
Costumes : Laurence Forbin

Avec Massimo Bellini, Christophe Brault, Florence Giorgetti, Frédéric de Goldfiem, Xavier Legasa, Claire Le Michel, Emilien Tessier

L'art c'est le chemin

La fable: après avoir accidentellement dévié de sa voir par passion, un homme sans nom propre choisit son destin en vivant les conséquences de son acte.

Le pouvoir de création de Georg Kaiser, d'invention dans l'art dramatique excède, déborde les genres. Il sera même critiqué, et d'une certaine façon incompris, à cause de la puissance de sa créativité... Sa capacité à écrire des genres de théâtre différents (mais aussi d'essais, d'aphorismes ou de poèmes), à changer de registre, de style, agace certains de ses contemporains. Le nomadisme est safaçoon de vivre l'écriture. Il sort des cadres, des écoles prônant la liberté de l'invention comme seul rempart à l'aveuglement de l'obéissance. Sa résistance est acte. le pouvoir nazi comprendra aussitôt sa force de liberté que dégage son oeuvre en al faisant brûler au plus vite. Lorsque Rainer Maria Rilke voit"Du matin à minuit" il saisit l'ébranlement de la pièce, il reconnaît un frère de vol.

Dans la pièce de Kaiser, l'éloge de la subjectivité, de la passion assumée au risque de sa vir échoue dans un asile de l'Armée du Salut. Le héros, qui n'a que le nom de sa fonction, le caissier, y meurt en grimaçant. Kaiser estime trop l'homme et ses conséquences pour ne pas lui rendre toutes ses attitudes complexes et inquiètes. "L'art c'est le chemin" dira le peintre Paul Klee à la même époque.

On peut comprendre l'histoire de l'homme et de ses agissements en suivant le chemin de ses inventions dans le langage des arts de l'illusion. L'excès du caissier par la mise en crise des institutions grâce à la puissance de l'argent (nommé dans la pièce désir ou plaisir), est un comportement sur lequel notre société se consolide.
Kaiser aspire au "nouveau" : mots, langues, formes, instruments. Tout en lui, dans son oeuvre, cherche ce "nouveau" afin de dégager de la part de convention, d'attendu, de prévisible qui conditionne l'autre partie de la vie, la face gelée. Rimbaud l'avait nommée "la vraie vie".

juin 99